Nicolas Sarkozy annonce sa volonté de mettre d’importants moyens sur la recherche pour lutter contre la maladie d’Alzheimer et pour soutenir les malades et leurs familles. Nous ne pouvons que nous en féliciter car dans les prochaines décennies, ce fléau touchera des centaines de milliers de personnes âgées.
Hélas, cette volonté louable cache en réalité un tout autre aspect : faire passer le principe de la franchise médicale pour continuer à détricoter notre bien commun, la sécurité sociale.
Car en annonçant par la même occasion la création d’une franchise de 50 centimes sur chaque boite de médicament et acte paramédical et de 2 € sur les déplacements sanitaires, M. Sarkozy ne fait que transférer sur chacun d’entre nous, la charge d’une politique qui ne devrait qu’être publique, financée par le budget de la nation.
Bien entendu, il y aurait (je parle au conditionnel) un plafond maximum de 50 € par assuré et par an.
Présenté comme ça, ça nous semblerait tellement cynique de dire non à cette mesure...
Et le détricotage de la sécurité sociale dont je parlais plus haut ? Il se trouve tout simplement dans le fait que ces 50 € pourront être remboursés par les mutuelles ! A charge donc pour chaque assuré de payer en conséquence de sa poche la recherche contre Alzheimer via son assurance privée !
Ce dispositif qui devrait rapporter quelques 1,5 à 2 milliards d’euros par an (au passage une entorse à la promesse de M. Sarkozy de ne pas augmenter les prélèvements…) sera donc payé non par l’impôt mais par l’assurance…
Mais alors les bonnes consciences pourraient me dire que 50 € par an et par personne ce n’est pas grand-chose pour lutter contre ce drame.
Oui, c’est vrai pour beaucoup d’entre nous mais c’est aussi faux pour certains d’entre nous.
A cette volonté j’oppose celle qui consiste à dire que seul l’impôt est juste quand il est équitablement réparti. Il suffisait de laisser le bouclier fiscal à 60% et de ne pas supprimer les derniers impôts sur la succession qui prémunissaient d’une société de rentiers, et nous aurions trouvé les moyens de financer ce défi qu’est l’Alzheimer.
Le choix de cette nouvelle majorité est donc profondément injuste. Il est aussi idéologique car il s’agit de privatiser petit à petit notre protection sociale sans mot dire…
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