Jérôme Puybareau

100 jours après… Rupture ou fuite en avant ?

 

Je me présente à une élection locale. Mais je m’intéresse aussi à ce qui se passe au niveau national car cela a des incidences sur toutes les collectivités et sur chacun de nous.

 

Les instituts économiques sont d’accord sur un point : l’Allemagne connaît une nouvelle croissance économique. Celle de la France ne dépassera pas cette année 1.5%.

 

Dans le même temps, notre pays s’enfonce dans les déficits.

 

Déficit de la balance commerciale avec 30 milliards d’€uros. Déficit de la sécurité sociale avec 12 milliards, déficit abyssal du budget de l’Etat et en toile de fond une dette publique qui bat tous les records.

 

Le coût des mesures fiscales, non financées (bouclier fiscal, défiscalisation des heures supplémentaires, déduction d’intérêts, baisse de l’impôt sur le patrimoine…), s’élève à 13 milliards d’€uros.

 

Tout finit pas se payer. Et bientôt, nous le paierons comptant avec la TVA dite « sociale ».

 

Il s’agira d’augmenter de 3 à 5 points le taux de TVA pour le faire passer de 19.6 à 22% ou 24.6%.

 

Ce nouvel impôt sur la consommation pèsera inévitablement sur les prix et donc sur le pouvoir d’achat.

Très mauvais timing compte tenu de l’augmentation des produits alimentaires et pétroliers qui arrive en même temps que la franchise médicale !

 

C’est inacceptable économiquement, budgétairement et socialement.

 

Le nouveau gouvernement devait faire la rupture… je crains que l’on assiste plutôt dans les prochaines semaines à une fuite en avant…

Oui le Président de la République a droit à des vacances tranquilles mais…

C’est bien entendu une évidence : Nicolas Sarkozy doit pouvoir prendre des congés, ne serait-ce que pour couper un peu de la charge de travail qu’impose cette lourde fonction.

On peut alors se demander pourquoi une telle polémique existe à propos de son déplacement aux Etats-Unis.

Tout simplement parce que la polémique provient du Président lui-même.

Ce voyage est organisé avec la complicité de son entourage qui distille les informations au compte goutte.

On laisse planer le doute sur le lointain lieu de résidence (en sachant qu’il n’y a rien de tel pour éveiller la curiosité des journalistes) ; on laisse filtrer l’info sur le coût de la location (20 ou 30 000 € la semaine) ; on laisse à penser que ce séjour est offert par quelques philanthropes (à qui il faudra bien renvoyer l’ascenseur) ; on laisse diffuser des photos soit disant volées (en faisant semblant de s’en offusquer) ; on organise une mini conférence de presse (sous le prétexte de la Libye) ; on prépare le clou du spectacle (une rencontre avec le Président Bush)…

Personne ne doit être dupe ! Nicolas Sarkozy et son égo démesuré, ne supporterait pas que le journal de 20 heures ne parle pas de lui ne serait-ce qu’un seul soir pendant ces 15 jours d’absence !

Alors, en excellent communicateur, il maîtrise sa communication.

Si Nicolas Sarkozy avait voulu des vacances tranquilles, il aurait tout simplement pu aller dans une des nombreux palais de cette République un tantinet monarchique, il aurait diffusé un communiqué de presse ne laissant planer aucun doute sur les détails de ce voyage ou il aurait pu, tout simplement pour éviter la polémique, prendre une location moins chère et moins lointaine.

Mais là le journal de 20 heures n’aurait pas parlé de lui…

Si les journalistes tombent facilement, et de leur plein gré dans ce piège, je ne suis pas sûr qu’il en soit de même des Français qui, de retour des plages en septembre, sauront faire la part des choses, entre l’illusion et la réalité…